Un rapport de l’IGAS et 2 livres, voilà les crèches en zone de turbulence.
Toutes mises dans le même sac que des irresponsables au mieux et des imposteurs au pire. Pour tous les pratiquants de cet ovni qu’est devenue la nuance, il va falloir garder la foi!
Trop d’exemples de dérives. Ce serait le dixième du tiers du quart de la moitié, ce serait encore trop!
Les maltraitances ou douces violences ne sont pas nouvelles. Sinon Donald Winnicott et Françoise Dolto pour ne citer qu’eux, n’auraient pas rappelé que l’enfant est une personne. Les crèches des années 60 pouvaient punir, laisser l’enfant « réfléchir » seul dans un coin, le priver de dessert, sans qu’on se pose de questions.
Nos regards ont heureusement changé. Grâce aux progrès des neurosciences, nous savons ce qu’un cerveau de moins de 3 ans est en capacité de faire et de comprendre.
Nos regards ont peut-être encore plus changé depuis la pandémie de Covid. Un pays entier s’est tout de même entièrement arrêté pour protéger la santé des plus vulnérables. La santé n’est donc plus un état, une caractéristique ou une chance. C’est une valeur.
Garantes de la santé physique et psychique des enfants, les crèches sont donc en charge d’une valeur. C’est ainsi. Et valeur +++, puisque les enfants dépendent de l’adulte.
C’est pour cela que nous ne pouvons pas nous contenter de dire que la faute n’appartient qu’à quelques-uns. C’est tout simplement inaudible.
Alors, parce que c’est effrayant, nous ne devons nous laisser manger ni par la radicalité ni par le déni.
Notre système de financement des crèches porte en lui-même ses dérives. Il faut le corriger :
– Modifier le principe de calcul des subventions sur la base de contrats horaires des familles qui font que les gestionnaires, comme les parents d’ailleurs, passent leur temps à compter! A croire que nos métiers seraient d’observer non plus les enfants mais des tableaux Excel!
Et cela, sans revenir au temps de crèches à moitié vides bien sûr.
– Revendiquer la pluridisciplinarité des professionnels protégée par des salaires à la hauteur des enjeux : pas d’attractivité, pas de candidats!
– Ne jamais permettre qu’il y ait un seul professionnel dans la crèche. Pas par méfiance. Mais pour sa sécurité. C’est notre responsabilité.
– Inculquer une culture de solidarité dans nos équipes. Même dans une crèche idéale, l’humain ne l’est pas. En tout cas, pas à temps plein! Le risque zéro de parole ou de geste inapproprié n’existe pas. Nos professionnels ont peur et aussi honte de ce risque de faiblesse. Or c’est justement cette peur qui honore leur conscience professionnelle. C’est parce qu’ils vont penser d’abord aux conséquences sur l’enfant qu’ils oseront passer le relai à leur collègue. Juste transformer ce réflexe de honte en exemplarité professionnelle.
Se mettre à la hauteur des enfants, c’est une façon pour nous adultes de prendre à notre tour de la hauteur. Et prendre soin de nos essentiels.